
Le Black Friday s’impose désormais comme l’un des rendez-vous commerciaux les plus attendus de l’année. Venu d’Amérique du Nord, ce jour fût longtemps réservé aux chasseurs de bonnes affaires, avant de gagner l’ensemble de l’Europe et, notamment, la France. Aujourd’hui, impossible pour la plupart des enseignes de passer à côté. La période se prête à tous les excès : remises massives, opérations poussoirs et tactiques marketing parfois agressives. Mais poser la question de la durée de ces promotions, c’est aussi aborder un sujet incontournable pour toute structure, petite ou grande : comment préserver ses marges tout en répondant aux attentes des clients ? L’équation, loin d’être simple, implique une analyse fine des comportements, du calendrier et des impacts financiers. Mais jusqu’où repousser la fin des rabais sans se tirer une balle dans le pied ?
Chaque année, le lendemain de Thanksgiving, le Black Friday se transforme en vitrine spectaculaire pour des promotions temporaires. Du high-tech aux chaussures, en passant par l’ameublement, aucune catégorie de produit n’échappe à cet emballement. Les leaders tels que Amazon, Darty ou encore Fnac se positionnent comme locomotives, mais les PME locales rivalisent d’ingéniosité pour exister au milieu de cette tempête promotionnelle.
Le revers de la médaille apparaît rapidement pour les commerçants. Les campagnes qui durent trop peuvent engendrer une érosion progressive des gains. Concrètement, allonger les promotions s’accompagne d’une hausse rapide des coûts associés : gestion des retours, frais de transport parfois sous-évalués, communication supplémentaire, et surtout, des ventes qui deviennent plus difficiles à anticiper. Le sentiment d’urgence chez les clients — ce fameux « FOMO » (Fear Of Missing Out) — tend à s’atténuer si les offres restent plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Un dilemme stratégique, qui pousse à réévaluer sans cesse la balance entre volume des ventes et capacité à protéger son résultat.
Pour que la période soit réellement profitable, il devient donc capital d’analyser son cible, d’adapter les messages et, surtout, d’actionner intelligemment les leviers promotionnels. Sur ce point, anticiper la communication et savoir faire de la publicité en amont reste une pratique souvent négligée – pourtant, c’est là que se joue beaucoup de l’impact, avant même l’ouverture des ventes.
En 2025, le Black Friday aura lieu le vendredi 28 novembre, suivi du Cyber Monday le lundi 1er décembre. Ces deux jours concentrent traditionnellement la majorité des ventes et offrent des fenêtres promotionnelles à haut potentiel. Cependant, depuis quelques années, la situation a évolué, et rares sont les enseignes à se contenter de ces 48 heures. On voit poindre, chez certains distributeurs, une extension des opérations commerciales à sept jours, voire quatre semaines complètes pour les plus ambitieux — une tendance que la presse spécialisée qualifie maintenant de « Black Month ».
L’allongement des campagnes permet à chacun de répartir les lancements produits et les communications, avec l’objectif de mieux répartir le flux d’achats sur la période. Cet élargissement limite les surcharges logistiques du premier jour et permet, parfois, de sélectionner finement les articles à mettre en contact avec la demande. Cela étant, les résultats ne sont pas toujours à la hauteur. En diluant le caractère exceptionnel du Black Friday, certains commerçants constatent une perte d’élan, car les clients, moins pressés, attendent parfois le dernier moment. À ce titre, beaucoup préfèrent tester une stratégie hybride : démarrer doucement, puis réserver les vrais rabais aux toutes dernières heures. De l’expérience terrain, il apparaît rarement profitable d’accorder des remises massives trop tôt. On risquerait de brader les stocks sans capitaliser sur la montée de la tension commerciale.
Au-delà de la durée, la segmentation des offres et l’analyse des comportements d’achat à distance ou en magasin restent des dimensions à intégrer dans toute démarche de pilotage. Combien de fois a-t-on vu des stocks écoulés en une heure, sur certains sites, faute d’avoir calibré les quantités ? Inversement, des enseignes locales se sont retrouvées avec des rayons pleins en fin d’événement, faute d’avoir prévu une communication adaptée.
Construire une stratégie de rabais pertinente ne s’improvise pas. Trois leviers se démarquent, par expérience :
L’erreur la plus répandue lors des Black Friday ? S’aligner systématiquement sur les plus gros du secteur et proposer des rabais massifs sur tout le catalogue. Résultat : un effet de caisse immédiat, suivi de retours en série, et de marges rognées pour plusieurs semaines. Beaucoup de responsables commerces témoignent d’ailleurs que le bilan n’est pas toujours favorable. D’où l’intérêt de sélectionner les produits concernés, d’adapter les pourcentages de remise, et d’éviter les opérations trop agressives qui, au final, ne profitent qu’à une minorité de chasseurs de prix.
Pour ceux qui gèrent un site e-commerce, le Black Friday 2025 semble déjà augurer une fréquentation record. Plateformes nationales et internationales rivalisent par la diversité des produits, la rapidité des livraisons et la variation des offres en temps réel. Les ventes flash, par exemple, créent une dynamique intéressante, dans laquelle chaque heure compte. Mais un mot d’avertissement : cette accélération peut devenir un piège si la préparation n’est pas minutieuse. Les stocks fondent, les clients s’agacent en cas de rupture, et les remboursements pèsent toujours sur la rentabilité. Il convient donc de structurer les campagnes à l’avance, d’analyser les statistiques des années précédentes, et de prévoir des alertes pour éviter de tomber dans la frénésie mal maîtrisée. Notamment, il devient pertinent d’organiser des sessions de tests logistiques afin de réduire le risque d’imprévu.
Dans les rayons des magasins physiques, le Black Friday reste un moment privilégié pour fidéliser une clientèle locale. Une majorité d’enseignes offre des rabais sur place, souvent différentes de celles disponibles sur Internet, créant ainsi deux parcours d’achat distincts. Pourquoi ? Tout simplement pour mieux segmenter le public et éviter la cannibalisation digitale. Il est conseillé, pour ne pas perdre cette clientèle, de travailler la mise en valeur visuelle des produits (vitrines, têtes de gondole) et de prévoir une communication spécifique à la zone d’implantation du point de vente. De nombreux commerçants confirment qu’un accueil personnalisé, des conseils ciblés et une animation spéciale le jour J font toute la différence. Le Black Friday se transforme alors en levier de fidélisation, pour autant que les stocks soient bien dimensionnés et la gestion fluide.
Se fixer un plafond de remise à ne pas dépasser sécurise la marge. Il est parfois tentant, sous la pression commerciale et la concurrence, d’augmenter le niveau des rabais. Attention : une promotion trop forte peut rendre la période moins rentable que prévu. Définir une limite claire, faire évoluer l’offre selon les résultats et mesurer les impacts au fur et à mesure transforme l’opération en succès mesuré. Beaucoup d’enseignes procèdent à des revues intermédiaires, ajustent les barèmes et modifient l’approche en cours de route. Flexible, donc, mais avec des gardes fous stricts.
Segmentation, ciblage et analyse des besoins : personnaliser l’approche s’avère payant. Les clients fidèles ou abonnés réagissent mieux à des offres pensées pour eux, tandis que le grand public peut être attiré par des remises limitées. Ainsi, consacrer un budget pour la personnalisation des campagnes, ajuster les contenus, et tester des messages spécifiques avant le lancement rapporte souvent plus que d’inonder tout le monde de la même information. Les enseignements tirés du terrain montrent que cette méthode améliore le taux de conversion global, tout en évitant de dégrader la rentabilité par des promotions généralisées.
Le Black Friday 2025 incarne un tournant pour les équipes commerciales et marketing. Organiser la période, planifier les rabais, étendre les campagnes… autant de choix à peser pour ne pas déstabiliser l’ensemble de la structure. Le secret réside souvent dans le dosage et l’ajustement progressif des offres, la gestion attentive des stocks et un suivi régulier des indicateurs de marge et de chiffre d’affaires. Prolonger les promotions, puis les recentrer sur les temps forts, tout en analysant les retours, apparaît comme la démarche la plus prudente et la plus constructive. Qu’il s’agisse d’opérations en ligne, de ventes en magasin, ou même de synergies entre les deux, la réussite tient surtout à la préparation, à la capacité d’adaptation, et à l’écoute des clients. Enfin, ne pas hésiter à tester de nouveaux formats ou à sortir des sentiers battus : le Black Friday est aussi une période d’innovation et de challenge pour tout acteur du commerce.
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